I have only thirty minutes for lunch
Nils Thornander et Mildred Simantov reçoivent un invité à l'emploi du temps chargé. I have only thirty minutes to have lunch renoue avec l'art de la conversation du siècle des lumières sur un mode Quick French Talk.
Le dispositif des Quick French Talk s'inspire de celui d'une conversation à deux, dans lequel chacun a un libre et égal accès à la parole.
Conformément à une singularité de la conversation "à la française", la courtoisie consiste ici a interrompre savamment son interlocuteur en se superposant à lui à l'instant d'une respiration, afin que le flot de paroles soit idéalement continu, sans aucun silence ennuyeux.
Les trente minutes du déjeuner, captées en un seul plan séquence, sont ainsi remplies d'arguments improvisés autour des trois bols identitaires choisis par l'invité.
De la conversation comme l'un des beaux arts pourrait être le sous-titre de cette oeuvre qui interroge une tradition nationale en la déséquilibrant par l'emploi de la vidéo, qui rompt la symétrie du dispositif en créant deux rôles: celui qui s' entend mais ne se voit pas et celui qui est toujours présent à l'image, y compris lorsqu'il demeure silencieux.
Inversant les codes de "l'interview" télévisuelle, éliminant le champ/contre-champ et le montage des points de vue, les QFT ouvrent un territoire modeste à la parole, partagée comme monnaie d'échange et de liberté.

+ ANTONIO A.CASILLI
Antonio A. Casilli - sociologue - est chercheur au Centre Edgar-Morin - EHESS Paris. Il est l’auteur de "Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ?" - Seuil, 2010, "Stop Mobbing" - DeriveApprodi, 2000 et "La Fabbrica Libertina" - Manifesto Libri, 1997. Il a aussi coordonné le dossier « Le corps à l’épreuve du numérique » de la revue Esprit - avril 2009 - et dirigé un numéro spécial "Cultures du numérique" de la revue Communications - mai 2011. Il publie régulièrement sur le blog Bodyspacesociety.eu et sur le fil Twitter @bodyspacesoc.
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